Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Olivier Mancini, Banquier Solidaire du Crédit Agricole Languedoc, a réalisé en septembre 2021 une mission terrain en faveur d’Oxus Tadjikistan (OTJ).
Tribune d’Olivier Mancini, responsable Recouvrement, Crédit Agricole du Languedoc
Une motivation à toutes épreuves
J’ai découvert le programme Banquiers Solidaires à travers un appel à candidature lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole fin 2019 sur le site creditagricole.info. La mission proposée, en faveur d’Oxus, une institution de microfinance au Tadjikistan, avait retenu mon attention et motivé une première prise de contact.
Après une expérience enrichissante au Zimbabwe en 2018 dans le cadre d’un dispositif de congé solidaire je cherchais à m’investir à nouveau dans des missions de volontariat de compétences ou de formation auprès d’adultes, de préférence à l’étranger. L’immersion dans un contexte nouveau, la découverte d’une culture différente et l’opportunité de pratiquer une langue étrangère m’animaient tout autant que le souhait de partager mes connaissances.
Lorsque la mission en faveur d’Oxus Tadjikistan (OTJ) a été lancée début 2020, il ne m’a donc pas fallu longtemps pour postuler ! L’objectif de la mission coïncidant avec mon activité, mon profil a été retenu. J’ai alors effectué plusieurs entretiens avec les équipes de la Fondation avant d’être définitivement sélectionné. C’était sans compter sur la Covid-19 : impossible d’échapper au report de la mission. Qu’à cela ne tienne, j’avais amplement le temps de préparer en amont la réalisation de la mission sur le terrain.
Préparation de la mission
Créée en 2006, à l’initiative d’ACTED et à la suite de l’adoption au Tadjikistan de lois sur la microfinance, OTJ est un organisme de microcrédit qui octroie des prêts essentiellement aux micro entrepreneurs et agriculteurs des zones rurales. Partenaire de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2012, OTJ vise à améliorer les conditions économiques et sociales des populations à faibles revenus exclues du système bancaire classique.
L’objectif de la mission était de revoir le processus de valorisation des différentes typologies de garanties et d’envisager l’introduction de méthodes supplémentaires de valorisation afin de se rapprocher dans la mesure du possible des meilleures pratiques en la matière. Pour arriver à ce résultat, la mission devait être bien cadrée et préparée en amont du départ. Je me suis donc initié aux principes de la microfinance et j’ai étudié la documentation interne de l’institution afin de me familiariser avec leurs procédures. J’ai également échangé à de nombreuses reprises avec OTJ et la Fondation afin de formuler au mieux les attentes de la mission.
Les termes de références finalisés et la situation sanitaire s’améliorant, il ne me restait plus que 5 000 km à parcourir et 18h de vol afin de concrétiser la mission !
Direction le Tadjikistan
Arrivé à 3h00 du matin à Dushanbe, je suis accueilli par Bakhtyior et suis tout de suite confronté à la barrière de la langue. Je ne parle (malheureusement) ni russe, ni tadjik, mais à la faveur de quelques mots d’anglais partagés nous avons réussi à communiquer sur l’essentiel.
Dès le lendemain matin, rencontre avec Vantasho, Directeur Général, puis avec les responsables des différents pôles pour parvenir à une bonne compréhension de la conduite des activités. J’ai également pu m’entretenir avec des bénéficiaires afin d’évoquer avec eux les demandes de financement et les caractéristiques des biens proposés en garantie. La documentation et l’information ainsi collectées sur place, en complément des documents étudiés antérieurement, m’ont permis de construire et de soumettre mes recommandations à Vatansho. Avec sa validation, j’ai poursuivi le travail entamé avec Umedjon, Directeur Risques, et Shurhat, Directeur Financier, afin d’établir les bases d’une nouvelle méthodologie de valorisation des garanties pour ensuite fournir les éléments servant d’appui à cette nouvelle méthode à mettre en oeuvre.
La durée sur le terrain (10 jours) s’est révélée suffisante pour répondre aux termes de référence de la mission et élaborer les supports nécessaires à la mise en œuvre des recommandations prévue quelques semaines après mon départ. Dans cette perspective, la mission se poursuivra à distance pour quelques jours d’appui supplémentaires afin d’apporter les éclairages et la vision complémentaire sur les modalités de mise en place et l’évaluation de la pertinence de la méthodologie.
Une expérience inoubliable
Incontestablement, cette expérience a dépassé mes attentes, tant en lien avec la mission réalisée que sur le plan humain.
Confronté, sur une durée courte, à la volonté exprimée de remplir les objectifs de la mission afin d’apporter des réponses concrètes et adaptées, j’ai pu compter sur une grande disponibilité de tous les employés d’OTJ quelle que soit leur fonction. J’ai pu également m’appuyer sur l’expression d’un regard critique mutuel dans un réel esprit d’ouverture de la part de mes principaux interlocuteurs. La co-construction des solutions proposées n’en a été que plus gratifiante, d’autant qu’il fallait parvenir à la même exigence en terme de cohérence et de solidité des préconisations que celle que je peux connaître dans mon activité, mais avec nettement moins d’outils externes facilitateurs. C’est ainsi une réelle satisfaction d’avoir pu contribuer à l’évolution des pratiques de l’organisation avec les équipes d’OTJ.
A l’évidence, et malgré la brièveté du séjour, l’expérience sur le plan humain est inoubliable grâce à leur sens de l’hospitalité. Les (nombreux) moments de convivialité ont été de réelles occasions de partage qui m’ont permis d’en savoir plus sur l’histoire de l’Asie centrale, du Tadjikistan et même sur leur histoire personnelle. Je repartirais avec grand plaisir et je garde ainsi le souvenir précieux de personnes qui saluent avec une main sur le coeur mais qui ont aussi le coeur sur la main.
J’adresse mes remerciements aux personnes de la Caisse régionale de Crédit Agricole du Languedoc qui ont soutenu ma démarche; à Caroline Brandt, Carolina Viguet, Cécile Delhomme de la Fondation Grameen Crédit Agricole qui ont rendu cette mission possible ; à Aurélie Cacciotti de Crédit Agricole SA pour l’appui logistique; et bien sûr à Vatansho Vatanshoev, CEO d’OTJ et Umedjon shodiev, responsable des Risques d’OTJ, Shurhat Zoidoc (CFO) ainsi qu’à l’ensemble des équipes d’OTJ pour leur aide et accueil, avec un salut spécial à Bakhtyior et Yosuman.