Par Miren Bengoa, Administratrice, membre du Comité Finance, Risques et Impact,
Fondation Grameen Crédit Agricole &Directrice Action Internationale, Groupe SOS
Administratrice de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2020, Miren Bengoa est, depuis janvier 2021, la nouvelle Directrice Action Internationale du Groupe SOS. Elle était à la tête, depuis 2011, de la Fondation CHANEL qui a vocation à soutenir des projets améliorant la situation économique et sociale des femmes. Son regard sur l’impact de la crise Covid-19 sur l’égalité femmes-hommes et les réponses pour y faire face.
— Quel est l’impact de la Covid-19 sur la condition des femmes ?
M. B. : La montée des inégalités entre les femmes et les hommes est l’une des conséquences immédiates de la crise Covid-19. Nous avons constaté au cours de cette pandémie une augmentation des actes de violence envers les femmes et les filles et un recul de l’apprentissage des filles à mesure que les taux d’abandon scolaire et les mariages d’enfants augmentent. Des dizaines de millions de femmes supplémentaires ont sombré dans l’extrême pauvreté, car elles perdent leur emploi à un rythme plus élevé que les hommes, et pâtissent de leurs difficultés à accéder aux nouvelles technologies et de leur manque de compétences numériques.
— En quelques mots, quel est aujourd’hui le panorama des inégalités entre les sexes dans le monde ?
M. B. : Les projections actuelles indiquent que l’égalité femmes-hommes ne sera pas atteinte pendant encore 130 ans. En 2020, les femmes représentaient en moyenne (à l’échelle mondiale) 4,4% des chefs d’entreprise, 16,9% des membres des conseils d’administration, 25% des parlementaires et 13% des négociateurs de paix. Seuls 22 pays ont actuellement à leur tête une femme cheffe d’État ou de gouvernement (UN Women, 2020). Nous avons besoin d’une meilleure représentation des femmes qui reflète les femmes et les filles dans leur diversité et leurs capacités.
— Comment l’entrepreneuriat féminin peut être une réponse à la crise ?
M. B. : Les femmes entrepreneures ont été en première ligne et fortement affectées par la baisse de l’activité économique. Néanmoins, elles sont également porteuses de solutions innovantes et doivent être soutenues au mieux par les financeurs et les pouvoirs publics. Etant fortement impliquées dans la réponse aux besoins communautaires, elles ont pu adapter leurs activités aux contraintes dues à la pandémie. Cela n’a pas été évident : elles ont parfois renoncé à une activité lucrative pour s’occuper en priorité de leurs familles.
— Promouvoir l’autonomisation des femmes est une des missions de la Fondation Grameen Crédit Agricole. Quelles devraient être les priorités pour renforcer cette ambition ?
M. B. : Depuis sa création, promouvoir l’autonomisation des femmes est au cœur de l’action de la Fondation : parmi les 7 millions de clients des institutions de microfinance soutenues, 73% sont des femmes bénéficiaires des microcrédits pour créer ou développer des activités génératrices de revenus. Le maintien des financements, la flexibilité apportée dans le report d’échéances et l’analyse fréquente des besoins de ces institutions sont et seront clés pour leur permettre de retrouver une capacité d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin.